Depuis ma plus tendre enfance – ma passion des Oiseaux a commencé à l’âge de 10 ans – le retour du Pouillot véloce a coïncidé pile poil avec l’équinoxe de Printemps. C’était le fameux ‘Zilpzalp’ - référence à son chant stéréotypé bi-syllabique, égréné à tout propos  – qui constituait pour ma maman le signal de ses retrouvailles avec le Jardin.

Cette arrivée coïncide avec la floraison des Saules (d’où l’appellation ‘Weidenlaubsänger’  des Germaniques), aux chatons or desquels se mêle la livrée vert-olive de notre acrobate miniature… 

La fiévreuse activité de cette minuscule boule de plumes voletant de branches en ramilles dans son inspection minutieuse du moindre rameau, paraît infatigable…

‘Tsip tsap tsip tsap’, il est temps de vous réveiller ! prône-t-il à l’adresse des bourgeons foliaires dormants. Non sans compter les écus ‘tsip tsap’  nécessaires à la rémunération de cette noble tâche !

Car ne croyez pas que cette vélocité (!) soit gratuite : l’examen rigoureux des ramilles et frondaisons permet à notre ‘glaneur de feuilles’ un ‘dépouillage’ (!) systématique de ‘pucerons’, insectes, chenilles et larves de toute nature…

Peu exigeant voire minimaliste,  le Pouillot véloce, de son corps menu et ramassé, semble taillé sur mesure pour glisser et pirouetter dans les feuillages les plus divers.

Pas étonnant dès lors qu’il se retrouve pratiquement dans tous types de boisements et buissons, de la plaine à la montagne, dans les parcs, bosquets et jardins  végétalisés jusqu’à la limite des forêts en altitude,  comme pour nous encourager, où que nous soyons, d’un ‘vas-y, toi aussi tu  peux y arriver !

Fidèle et attaché à sa famille, il peut passer une saison entière sans sortir de son coin de bois. Qu’irait-il chercher au-delà ?

D’un caractère enjoué et conciliant, le Pouillot mène sa vie en toute insouciance, et même les accents appuyés de son cri d’alarme, de doux et mélodieux ‘tuii’ semblent dépourvus de toute irritabilité face à l’intrus…

« Et voilà qu’est né le Printemps ; et voilà que sa porte, son seuil sont devenus les miens aussi, ceux de ma demeure, là où désormais se conjuguent ce que la terre me veut, ce à quoi le ciel me destine…

Et tous les deux, avec une égale force m’apportent de par mon héritage ce dont j’ai besoin pour nourrir mon vrai contenu et féconder mon devenir. »

De se sentir perdu dans la vastitude ne nous isole pas pour autant de ce qui nous regarde et nous écoute, dans cette toile tissée en notre faveur, à perte de vue.

Si petit que je sois, cette poussière de matière, traversée de pensées fugitives, de phrases haletantes à peine formulées me suffit.

Car voici s’avancer la Parole, les mots viennent de toutes parts pour rendre perceptible cet Inconnu resté tapi dans l’ombre, sans oser s’approcher et qui maintenant se tient devant moi, les mains libres, le visage neuf dans la belle lumière du matin !

CPG 20 mars 2025, équinoxe de Printemps