Ce fidèle compagnon de nos habitations mérite bien son surnom de ‘ramoneur’. Non seulement pour sa livrée de suie et de cendre mais aussi parce qu’il semble prendre plaisir à contempler les choses d’en haut. Et lorsqu’au premier printemps il égrène son refrain, annonciateur des beaux jours, c’est toujours en levant la tête  qu’on l’aperçoit, juché bien en évidence sur quelque faîte de toit, ou toute éminence qu’il peut trouver à son goût.

Serait-ce le souvenir de sa vie d’avant dans les massifs montagneux, où falaises et rochers formaient le cadre de son existence qui a donné au Rouge-queue la motivation de s’acclimater au voisinage de l’Homme au point de devenir avec le Moineau domestique l’hôte omniprésent de nos milieux urbains ?

Toujours est-il que partout où il est présent, fût-ce vers une ruine, un vieux mur ou un simple hangar, cet hôte discret entre tous vient amener de son existence paisible un supplément d’âme à la nôtre…

Son chant affirmé, égrené depuis un perchoir bien dégagé est sans prétention. Il commence lorsqu’il fait encore nuit noire pour atteindre son pic peu après le lever du soleil.  Cela débute par une strophe hésitante, qui semble ‘lancée dans le vide’ suivi d’un gazouillis qui fait penser à un bruit de papier froissé, pour se terminer par une ‘conclusion’ aussi brève que décisive.

D’un naturel plutôt confiant et familier, le tressaillement répétitif de sa flamme de queue donne à cet oiseau un air plutôt nerveux. Une agitation qui s’accentue lorsqu’il s’agit de défendre son territoire ou chasser l’intrus qui menace sa couvée. Sec et nerveux, il semble monté sur des ressorts et se fait comprendre par force agitation et cris métalliques que la place est prise et bien protégée.

Et lorsque la menace d’un félidé se fait plus précise et que ses cris d’alarme iiit-tac tac tac  et autres manœuvres de diversion n’ont pas fonctionné le Rouge-queue n’hésite pas à nous prendre à témoin pour une intervention libératrice…

« Le peu de blanc qui parsème mes ailes t’offre la pureté de ce tu retiens en toi.

Ce qui ne se montre pas au regard des autres, n’est pas une force qui ne sert pas, c’est une condensation de la volonté, une flamme de vie, une ardeur contenue pour un devenir qui ne t’a pas encore reconnu.

Ne sois pas mû par le désir de conquête ; ne sois tenté ni par la séduction, ni porté par le jugement.

Garde en toutes circonstances ta hauteur d’esprit.

Conserve intact en toi l’espoir d’offrir bon accueil à ce qui t’attend, dans la vérité inspirante de ce qui désire naître à toi, te conduire dans un cheminement, une progression, un avenir qui sache te révéler à toi-même.

Promets-toi de faire de ton foyer l’expérience de la Paix,  de par l’émancipation de cette force qui jaillit de ton Être.

De manière à te retrouver dans la concordance parfaite de l’apaisement, de cette douce chaleur à laquelle il te revient d’accorder ta bienveillance. 

Et n’oublie jamais que si tu fais usage de tes ailes, autant vaut le toit que la rue ! »

CPG, 22 mars 2025