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Erratique
Voilà un joyeux compère qui ne s’en laisse pas conter. Il n’a que faire de cette appellation ‘d’Europe’ qui lui colle à la peau et le nom germanique de ‘Pinson vert’ (Grünfink) lui sied fort bien.
D’une belle livrée vert olive rehaussée de marques jaune sur les ailes et aux côtés de la queue Ce digne représentant de la famille des Fringilles (Moineaux, Pinsons, Chardonneret…) à la silhouette placide mène une vie certes un brin bourgeoise mais pas ostensible pour autant. Pas difficile pour un sou, il se sent partout chez lui, dans les haies champêtres, bosquets, alignements d’arbres, pépinières, vergers, vignes et terrains vagues, mais jamais en pleine forêt.
Tout lui va, du moment qu’on lui fournit le peu dont il a besoin. Tout comme le Rouge-queue ou le Merle, cela fait belle lurette qu’il a quitté ses biotopes naturels pour se complaire dans le voisinage de l’Homme et ses activités citadines.
Ainsi, le Verdier pénètre jusque dans les espaces verts des grandes villes, parcs, allées, places publiques, aires de jeux, parkings arborés, jardins buissonnants.
Si l’agitation urbaine ne semble aucunement le déranger, notre oiseau sait apprécier la sérénité des grands parcs, les vastes espaces des belles propriétés et, tout comme son cousin le Serin cini, témoigne d’une véritable prédilection pour le calme des cimetières…
Même si son chant n’est pas aussi mélodieux que celui de son cousin le Chardonneret, les motifs variés qu’il enchaîne depuis un perchoir bien en vue ne manquent pas de capter notre attention. Ils allient un son nasal traînant ‘dzjiiu…tyupyupyupyupyup…’ à des roulades monotones bien sonores.
Et parfois, sans que rien ne s’y prépare, notre chanteur va s’élancer dans les airs, égrenant ses strophes suivant une trajectoire ondulante, avec des battements d’ailes amples rappelant le vol de la Chauve-souris !
Le Verdier n’est pas un lève-tôt. C’est en vain qu’on l’entendrait participer aux concerts matinaux de ses congénères. Il attend que le soleil soit déjà bien présent pour manifester sa joie à l’existence.
Et c’est encore lui qui, lorsque tout est silence dans la torpeur écrasante d’un jour d’été signalera au quidam sa présence, en lui témoignant de la compréhension pour son labeur...
SANS RIEN DÉRANGER
J’ai écouté toute son histoire en prenant goût à ses paroles, au son de sa voix et tous les sentiments qui passent à travers elle. Mes yeux restaient rivés sur ce bout de gazon devant nous.
De temps en temps, une brise légère, approchait un son du lointain, venant apporter une diversion bienvenue au récit, comme pour clore un chapitre, tourner la page, trouver un nouveau souffle.
Il était temps de partir, mais quelque chose de fort, d’irrésistible nous retenait ici, sur ce banc, à l’écart du grand bruit de la vie.
A présent, l’indolence des rêves venait bercer les phrases, les répercutant dans ma tête en une collusion inattendue entre leur monde et le mien.
Je goûtai à tout cela, cette lenteur, cette profondeur, ces voiles, cette complicité, ces longues pauses de silence, comme si mon âme laissait défiler de ma vie ce que je ne pouvais lire qu’une seule fois.
Comme cet instant magique, intense, unique qui ne reviendra plus jamais…
Me voilà seul.
Mes yeux se brouillent, mon corps se met à frémir, je suis dans la grâce, je suis allé jusqu’au bout de la belle invitation qui m’était offerte.
Je me suis laissé guider par elle, n’ai suivi plus qu’elle dans la grande foule qui allait dans tous les sens.
On m’a bousculé, j’ai dit pardon, je crois même avoir trébuché, perdu le peu que je portais sur moi.
Plus rien d’étranger n’est resté, ni la peur, ni les reproches, ni n’importe quel événement qui pourrait nous faire craindre les ennuis d'une mauvais chose…
Il n’y a plus que l’innocence, le courage d’avoir osé.
Il n’y a plus que ce pendentif dans mes mains à présent, et même seulement mes seules mains jointes dans la bénédiction du simple bonheur d’être là.
CPG, 24 mars 2025