Blog Nature
Migrateur partiel
Après le ‘Grünfink germanique, c’est à l’anglais goldfinch (littéralement « pinson doré ») qu’il convient de faire appel pour célébrer comme il se doit la grâce, la parure, l’élégance et le ramage de sieur Chardonneret !
« Didelitt…didelitt…didelitt » voici son gazouillis frais, joyeux, cliquetant comme du pur cristal, comme le caprice d’une saute de vent; et toujours accompagné de mouvements persuasifs, de grands haut-le-corps, comme pour nous rappeler que la Nature désire constamment nous montrer le chemin à parcourir dans ce monde…
Rarement silencieux, le Chardonneret aime se manifester en vol, lors de courtes ondulations, avant de se poser sur quelque végétation épineuse, Bardane, Cirse ou Cardère, à moins que ce ne soient ses friandises préférées, Rumex et Plantain… Son bec acéré lui permet d’ailleurs un accès et décorticage minutieux d’une providence grainière, fût-elle des plus coriaces!
Ses contorsions la tête en bas pour ne manquer aucune miette du festin sont des plus cocasses, surtout lorsqu’elles sont le fait d’une troupe de joyeux lurons qui ne manquent pas de signaler à la ronde la prodigalité de leurs trouvailles…
Sa rencontre fait partie des grandes joies de l’existence: en artiste raffiné, il se pare de ses plus beaux atours : une joue rouge carmin, un cercle blanc, un autre noir en guise de calotte, un dos d’un brun passé comme celles des hampes sèches à l’automne; des flancs jaune lié de noir et de blanc.
Tout comme le Verdier, mais avec certainement plus de panache, d’élégance et de légèreté, le Chardonneret a tout d’une espèce anthropophile. Depuis les orées de bois, villages, vergers, vignobles, pâtures et bords de chemins, elle n’hésite pas à s’aventurer et s’installer en ville en ne craignant pas de bâtir son nid en forme de coupelle dans la proximité des maisons.
Son goût immodéré pour la liberté le conduit pourtant à de grandes explorations hors les murs, sans nul souci d’avoir un territoire à défendre.
La délicatesse de ses coloris, le chant ‘ciselé’ et sa nature accommodante lui ont valu par le passé le vif intérêt des amateurs d’oiseaux de volière, pour égayer une cage ou pour réaliser des croisements avec des canaris.
Les sentiments de sympathie et de profonde joie intérieure qu’éveille le Chardonneret et le fait que son chant s’exprime avec le plus d’intensité au moment où le soleil est au zénith l’ont associé à de nombreuses croyances et légendes de tous bords.
L’une d’elles attribue le rouge de la face de l’oiseau à des éclaboussures de sang lorsque le passereau retirait une à une les épines de la couronne du Crucifié.
Une autre affirme que Dieu qui avait créé tous les oiseaux d'une même couleur les rappela pour leur peindre les plumes. Comme le Chardonneret arriva en retard, il n’eut plus que des restes de couleurs pour lui.
D’autres pensent que le Chardonneret dispose du secret pour nous dévoiler les passages cachés vers d’autres mondes. Un travail qui exige persévérance et endurance tout comme l’œuvre du Chardon dans un sol en quête d’équilibre…
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Salut, ô Chardonneret ! Viens joyeusement à moi ! Sois empressé d'agir dans ton agilité flamboyante !
Ressens comme la lumière qui embaume mon visage d’une sensation délectable rassemble en elle la gratitude !
Chacun des instants passés en ta compagnie m’ouvre les voies de nouvelles perceptions encore plus fines, plus aiguisées, plus persuasives que celles qui m’hébergent !
Avec quelle délicatesse tu viens consumer avec moi ces moments de fête qui comblent de bonheur tous ceux qui y sont conviés !
Mesure à quel point l’apaisement du cœur vient apporter la touche finale à mon contentement !
Vois comme la vibration de l’air occupe la musique du silence, là où le corps devenu son, vient se dissoudre !
Et avec quel exquis ravissement elle aborde les franges de l’âme !
Oublie-toi, évade toi de tout ce qui t’enserre, te retient et t’emprisonne
Laisses-toi guider par le déferlement des images qui surgissent de là où tu te trouves.
Là où chaque élément est relié au fil de la vie, dans ce sourire intérieur posé sur les lèvres
Là où il n’y a plus rien de triste, plus rien de lointain, dans ce rayonnement si pur
Qu’il n’y a plus qu’à se retirer sur la pointe des pieds…
CPG, 25 mars 2025