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Cette année ce sont les Oiseaux annonciateurs du printemps qui sont à l'honneur !
Vous les trouverez numérotés dans leur ordre d'apparition dans la saison. 

 « Une Hirondelle ne fait pas le Printemps » affirme l’adage populaire. Si son sens figuré nous mets en garde de ne pas tirer de conclusion hâtive d’un seul fait, son sens propre est tout aussi pertinent. En effet, la naissance de la ‘belle saison’ est bel et bien affaire de tous ! Combien sont-ils à ‘encourager’ la Nature à se remettre au chevet de son œuvre après la longue pause hivernale ! Depuis la Sittelle jusqu’au Loriot, nous vous proposons de revivre jour après jour cette prodigieuse métamorphose de nos paysages que nous fait partager la gent ailée ! Entre sédentaires, erratiques, migrateurs partiels et migrateurs au long cours, ils se succèdent et se partagent les rôles pour que chaque lieu aussi modeste soit-il puisse se réjouir avec eux de cet enchantement ! Venez vivre avec nous cette grandiose Louange à la Vie !
15. L'Hirondelle rustique : La beauté du geste

15. L'Hirondelle rustique : La beauté du geste

Migratrice au long cours

Une silhouette familière, posée sur quelque fil  ou battant de porte, qui laisse voir une queue prolongée par deux longs filets…Un babil gracieux pour honorer nos travaux de ferme… 

« Ça y est ! Elles sont arrivées, elles sont revenues ! »  Cette exclamation, saluant la ponctualité du retour des Hirondelles début avril exprime le bonheur d’en avoir fini avec l’hiver et de retrouver ses amies fidèles qui ont su se parer des mille dangers de la migration en terres lointaines…

Une fidélité qui lui vaut une sympathie inégalée dans notre imaginaire, en témoignent les nombreuses prophéties qui lui sont attribuées : Présage de bon augure, porte-bonheur, messagère de bonnes nouvelles et de bonne santé.

Chacun la reconnaît à son manège bruyant autour de l’emplacement du nid, à son gazouillis délié, son corps fuselé aux longues ailes et à la queue effilée… Le dessus du corps est la queue sont d’un bleu-noir relevé de reflets métalliques, la face et la gorge rousses, avec un collier noir les séparant du ventre blanchâtre.

Un être fait pour la légèreté, l’espace aérien, les volutes, l’élégance exquise des arabesques, la chasse des insectes aussi bien en plein ciel qu’en rase-mottes, en zigzaguant parmi les troupeaux, les herbes folles ou autour des arbres les jours de pluie.

De fait, l’arrivée printanière de cette grande migratrice se fait de plus en plus tôt au fil des ans, avec en moyenne 15 jours d’avance en trois décennies.

Une précocité qui n’est pas sans conséquence fâcheuse lors de brusques retours de vagues de froid qui, si elles se prolongent au-delà de quelques jours, privent les Hirondelles de toute nourriture…

Etroitement liée à la présence humaine depuis le Néolithique où elle partageait ses cavernes, l’Hirondelle rustique s’est ensuite attachée au monde rural où la présence d’étables et leurs chaleur animales lui assurait gîte et nourriture abondante…D’où son ancien nom d’Hirondelle de cheminée (Rauchschwalbe pour les Germanophones)

S’adaptant à la profonde métamorphose de nos campagnes et la diminution du cheptel bovin, l’espèce a adopté nos granges, hangars, et toutes formes de remises  et dépendances, du moment qu’elles restent accessibles et pas trop fréquentées.

Cependant, les paysages ruraux traditionnels avec fermes, prairies et haies, restent les milieux de prédilection pour l’Hirondelle rustique, la proximité de zones humides, étangs, lacs, voire retenues d’eau constituant un plus durant les périodes d’intempéries.

Voilà qui fait de l’Hirondelle rustique une excellente bio-indicatrice de la qualité de nos paysages campagnards !

Aussitôt cantonné, le couple s’attèle à la construction du nid en forme de coupelle, qu’il façonne avec sa salive en un mortier fait de boue et de débris végétaux qui seront collés à la paroi d’un mur, en s’aidant de quelque protubérance bienvenue, chevron, clou ou planchette prévenante… La restauration d’un ancien nid est fréquente.

Si vous avez la chance d’abriter dans vos locaux un ou plusieurs couples d’Hirondelles rustiques, pensez à lui faciliter l’installation en laissant un accès ouvert et empêchant l’accessibilité aux chats.

De nature sociable, les Hirondelles s’entendent bien entre elles. Elles aiment se retrouver en groupe et font preuve d’une grande solidarité lorsqu’il s’agit de se protéger les unes des autres.

LA BEAUTé DU GESTE

La mémoire en éveil cherche une origine ; elle se prend à rêver au passé, en se heurtant à un miroir qui dissémine ses images les unes à la suite des autres jusqu’à l’infini, tissant la signification d’un rêve impossible…

Et voilà que derrière la noirceur du signe surgit le mouvement, la couleur, la lumière, une vie prête à se donner.

La forme, elle ne suppose aucune réalité autre qu’elle-même, elle n’assombrit pas la clarté du jour, ni celle de l’esprit. Au contraire, elle vient multiplier les mille facettes de la beauté.

Comment échapper au vertige devant tant de diversité ?

Parmi toutes les images qui se présentent, il doit bien en avoir une qui se dépouillerait de tout l’inutile en éveillant une intensité suffisante pour lui transmettre le contenu de ma Pensée…

Voilà l’interrogation qui me prend chaque printemps à l’arrivée des premières Hirondelles.

« Comment peux-tu être si certain que ce sont les premières ? »

Oh, comment te dire : c’est comme la première page blanche du cahier, ou le visiteur qui débarque dans un lieu inconnu, ou l’employé dans sa première journée de travail… ça se voit !

Ça, c’était avant : maintenant, je n’explique plus, je dis simplement : ‘ça se voit’ en goûtant au silence de cette révélation que je me suis faite à moi-même !

Un mois a passé. Les Hirondelles se sont installées sous l’auvent et leurs arabesques enchantent mes journées. Chaque matin, alors que le jour n’est pas encore levé, deux d’entre elles sont perchées sur le volet entr’ouvert et leur babil volubile me tire des plumes. C’est comme si elles me racontaient tout ce qu’elles allaient faire dans la journée.

Plus tard, elles seront occupées à répéter virevoltes et pirouettes, aussitôt effacées.

Pour la seule beauté du geste !

Une écriture jamais commencée, d’une parfaite allégresse, ne laissant d’autre trace que l’envie toujours renaissante de sa propre contemplation…

CPG,  2 avril 2025

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