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Migratrice à courte distance
Connue de tous, inspiratrice des poètes, des artistes et des gens de la terre, l’Alouette des champs et son chant céleste ont été perçus de tout temps comme symboles innés de l’espérance, la liberté et la joie de vivre.
Dès l’aurore, à peine la nuit dissipée, alors que les rayons du soleil n’ont pas encore réchauffé la terre, déjà l’Alouette quitte sa cachette nocturne pour s’élancer en spirale dans les airs. Puis, ayant achevé son ascension, sans que rien ne le laisse présager, elle se laisse choir comme une pierre, regagnant le coin de terre qui l’a hébergée…
Plus tard, aux heures chaudes de la journée, quand le silence s’est installé dans les campagnes, c’est elle encore qui nous communique son ardeur de vivre, par son flot continu de trilles et vocalises jusqu’à se fondre dans la luminosité du ciel !
Parmi toute la gent ailée l’Alouette des champs possèderait l’un des répertoires les plus riches qui soit avec un registre décliné jusqu’à l’infini de notes, syllabes, phrases qui semblent vouloir nous transmettre de si précieuses informations…
Les Gaulois pensaient qu’en montant si haut dans le ciel tout en chantant, elle allait converser avec les dieux, puis redescendant sur terre, elle déposait dans les sillons des champs les secrets que les divinités lui avaient confiés…
A terre, son plumage terne, brun, rayé sur le dos la rend presque invisible lorsqu’elle se tapit au sol ou dans la végétation clairsemée. Les yeux sont rehaussés d’un sourcil blanc, la partie inférieure du corps est crème sauf la poitrine beige striée de brun-noir. Au vol, les plumes extérieures de la queue et le liséré blanc des ailes sont bien visibles.
Lorsqu’elle est aux aguets ou qu’il s’agit de marquer son territoire face à un intrus, une courte huppe hérissera sa tête.
L’Alouette des champs vit entre le sol et le ciel. Alors qu’elle apprécie se poster bien en évidence sur une éminence, borne, pierre ou motte surélevée voire hampe végétative, jamais on ne la verra se percher sur une branche d’arbre.
Et lorsqu’elle vole à ras le sol, un cri liquide et clair « trrui-i-i-i, tri-ri...» l’accompagne dans sa trajectoire onduleuse, déroutant le curieux qui penserait avoir découvert l’emplacement de son nid, simple cuvette, abrité d’une touffe d’herbe.
Espèce caractéristique des milieux ouverts, l’Alouette des champs est l’hôte par excellence des paysages cultivés (Kulturlandschaft) où champs, prairies, jachères, haies forment une mosaïque de structures composites, à bonne distance des boisements et lieux bâtis. L’important est que la végétation n’y soit pas trop dense pour lui permettre de se déplacer à sa guise en marchant pour rejoindre son nid.
En déclin marqué dans nos campagnes, le statut de l’Alouette des champs est passé en 2021 de potentiellement menacé à vulnérable. En France également, la régression des populations est de plus de 20% en 15 ans !
Les principales causes de cette régression sont aussi bien l’épandage de pesticides que la surfertilisation , l’exploitation intensive des prairies et les fauches de plus en plus précoces qui sont fatales aux couvées.
Avec la disparition de l’Alouette des champs et sa vie entre terre et ciel, c’est tout un symbole de la ruralité, de l’identité paysanne traditionnelle, de notre enracinement à la terre qui s’éteint.

CPG, 4 avril 2025