Blog Nature
Prunella modularis, Migrateur à courte distance
En voilà bien un qui paraît tout faire pour passer inaperçu, en menant une vie la plus discrète qui soit. Il y a d’abord sa livrée si terne que rien ne paraît la mettre en évidence. Un dos brun-roux strié de rayures sombres à la façon du Moineau (dont il a la taille), une tête et un poitrail gris cendre rehaussé de subtils reflets pruineux (d’où son nom de Prunella) et de constellations blanchâtres… Un bec fin, aiguisé qui trahit son régime insectivore, et aussi une agilité de Fauvette à se faufiler entre les branchages.
Il fallait donc bien un chant un brin insolite pour rehausser ce tableau tout ce qu’il y a de plus commun. Et c’est bien sa strophe fine et mélodieuse (modularis) égrenée depuis un modeste perchoir qui nous révèle sa furtive présence…Une succession de modulations cristallines, faisant penser à des rebondissements de billes ou de perles sur une surface de verre. La ressemblance avec la strophe saccadée de son voisin des broussailles le Troglodyte est bien réelle, avec toutefois l’aspect percutant en moins.
Et comme le Troglodyte, l’existence de l'Accenteur mouchet est liée non aux forêts profondes mais plutôt à leurs strates arbustives : taillis denses, haies, buissons, fourrés, recrus de jeunes arbres sur coupes forestières, pépinières, voire boisement de résineux plus en altitude… tout en se faisant l’hôte occasionnel des parcs et jardins bien arborés. Partout il mène sa vie de solitaire et pourtant peu le remarquent tant ses habitudes discrètes rendent sa détection difficile.
Diantre ! cet énergumène aux apparitions fortuites m’aura baladé durant des années avant que je ne comprenne ce qu’il avait à me dire ! Et même en ce dimanche de Pâques, alors que, le soleil est venu dissiper grisaille et mouillasse, je n’étais pas encore certain de mon fait !
Me voilà donc parti à sa rencontre dans cette jeune plantation forestière où je sais le trouver. Un panier, un ciseau, et me voilà parti à la récolte du Lierre terrestre, histoire de faire diversion, cette mélodie de Julien Clerc qui me trotte dans la tête depuis ce matin.
Et là, stupéfaction !
Alors que je suis à l’affût de la moindre révélation, voilà que tout s’enclenche, comme émergeant de l’enchevêtrement des causes et des effets :
« Laisse naître les choses dans ta propre inspiration en suivant ton intuition et écoutant tes aspirations personnelles ! Mets-les au service d’un louable objectif en harmonie avec tes convictions et tes valeurs ! Offre-leur le champ de tous les possibles !
L’action la plus simple est gratifiante non par le résultat escompté, mais au travers de cette spontanéité qui vous a engagés l’un à l’autre !
Ouvre-toi à l’imprévisible ! Ne te complique pas la vie, laisse venir les choses à toi comme autant de faveurs, tout en ne retenant que ce qui t’es véritablement destiné. Et surtout ne t’acharne pas à vouloir changer ce qui se trouve hors de ta portée !
Ne laisse pas la confusion s’installer dans ta vie, laisse entre la lumière dans ton cœur et trouve ton équilibre intérieur, loin des grandes agitations et des brasseurs de vent. »
« J’aimerai être sûr de pouvoir te retenir dans ton élan, afin que tu ne te précipites pas tête baissée vers l’abîme, dans ta fuite éperdue en avant. Mais j’aimerais aussi te préserver de cet isolement intérieur, ce retranchement à l’intérieur de toi qui te coupe de tes origines… »
« J’aimerais surtout que Tout reste constamment vivant en toi. Car si j’ai pu m’établir ici pour veiller à la réparation, c’est que je suis restée relié à tout ce qui m’entoure ! »
CPG Dimanche de Pâques, 20 avril 2025, avec « La double enfance » de Julien Clerc