Un trille clair, comme suspendu "tsi-tsi -irrrrr", frappe l'air comme une clochette d'argent. rappelant à celui qui vient de pousser la porte de son jardin en cherchant fébrilement sa clef au fond d’une poche ou d’un sac que ce qui commence dans la grâce ne peut que s'achever dans la finesse...

Chère Mésange bleue ! Comme la Sittelle dans les bois, tu es l’une des toutes premières de la saison à lancer le cortège des chants, souvent en février déjà.

Signe que, même au coeur de l'hiver, la vie en les lieux où l'homme se montre généreux n'est jamais complètement assoupie… 

Rien n'est plus délicieux, au moment où le ciel est encore désert, d'assister à ton ballet artistique et méticuleux près de la mangeoire.

Ta toque azur, qui encadre des joues de lilas blanc, la lueur espiègle de ton œil prolongé de chaque côté par un trait noir et le bec, solide et fin tout à la fois, prêt à pourfendre la pitance. Le manteau vert se fondant sur les ailes et vers la queue dans du bleu d'outremer… La poitrine d'un jaune pâle imitant celui des chatons pendant du Noisetier, qui eux aussi ont pris de l’avance sur la saison. Tous ces ornements si subtilement placés viendraient à en faire oublier ton caractère un brin belliqueux.

Tu furètes et glisse entre les branches amaigries ta tête fine et préoccupée, comme pour bâtir en pensée la prochaine découverte à laquelle porter ton attention.

Devant tant d’affairement et de minutie, je me demande ce que j'ai construit de plus qu'elle et si cet éphémère, porté par tant d'élégance n’équivaut pas à la plus sincère des promesses...

Depuis ce temps-là, où les rêves m’ont invité à transcrire leurs témoignages, je n’ai jamais oublié d’en référer à mon humble messagère du printemps.

Christophe Perret-Gentil, mars 2025