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Cette année ce sont les Oiseaux annonciateurs du printemps qui sont à l'honneur !
Vous les trouverez numérotés dans leur ordre d'apparition dans la saison. 

 « Une Hirondelle ne fait pas le Printemps » affirme l’adage populaire. Si son sens figuré nous mets en garde de ne pas tirer de conclusion hâtive d’un seul fait, son sens propre est tout aussi pertinent. En effet, la naissance de la ‘belle saison’ est bel et bien affaire de tous ! Combien sont-ils à ‘encourager’ la Nature à se remettre au chevet de son œuvre après la longue pause hivernale ! Depuis la Sittelle jusqu’au Loriot, nous vous proposons de revivre jour après jour cette prodigieuse métamorphose de nos paysages que nous fait partager la gent ailée ! Entre sédentaires, erratiques, migrateurs partiels et migrateurs au long cours, ils se succèdent et se partagent les rôles pour que chaque lieu aussi modeste soit-il puisse se réjouir avec eux de cet enchantement ! Venez vivre avec nous cette grandiose Louange à la Vie !
7. Grives et Merle

7. Grives et Merle

Erratiques

Dans le sillage des Pics, les Grives et le Merle font figure de véritables annonciateurs du Printemps.

C’est en effet lorsqu’à l’aube et au crépuscule leurs strophes mélodieuses viennent enchanter l’atmosphère que l’on peut se dire que l’hiver est véritablement derrière nous.

Et comme ces oiseaux de la famille des Turdidés ne sont pas sédentaires mais plutôt erratiques, les retrouvailles avec ces virtuoses n’en sont que plus réconfortantes…

Et bien que la solitude des grands bois garde pour ces espèces son plein attrait en leur offrant une vie discrète à souhait, des paysages ouverts, champs, clairières, lisières, pelouses, parcs… jouissent également de leurs pleines faveurs. Si bien que leurs facultés d’adaptation leur ont permis de pénétrer jusqu’aux parcs arborés de nos cités.  

Les trois Grives – mais surtout la Musicienne – recherchent des milieux  plutôt humides, avec une ombre en suffisance, où abonde leur subsistance constituée majoritairement de mollusques (avec une technique bien affûtée pour briser les coquilles sur des pierres servant d’enclume) et de lombrics. Les fruits sont également fort appréciés avec pour la Draine une affection particulière pour le Gui dont elle assure la transmission à travers ses fientes.

En milieu ouvert, la silhouette dressée des Grives les mets aux aguets, dans une vigilance permanente, comme si, privées de la protection du couvert forestier, elles se sentaient pleinement vulnérables.

La Grive draine : dos brun mat et ventre blanc tacheté de noir ; c’est à la fois la plus grande, la plus précoce et la plus farouche des trois. Peu avant le lever du soleil, dès fin février déjà son chant soutenu, lyrique et profond, ponctué de longs silences vient emplir l’espace depuis le haut des cimes, y apportant majesté et enchantement.

Espèce forestière par excellence, la Draine a besoin à la fois de grands arbres et de sous-bois dégagés avec des espaces ouverts à proximité. Les pâtures et pâturages boisés de moyenne montagne sont particulièrement prisés.

La Grive musicienne : livrée semblable à la Draine, avec un brun plus chaud et des taches ventrales en ‘v’ plutôt que de forme arrondie. De taille nettement plus petite, elle patientera jusqu’à la fin de l’hiver pour lancer urbi et orbi ses strophes sonores, puissantes répétitives et saccadées qui viennent résonner tel un hymne à la joie, à l’adresse de la lumière et du réveil de la nature ! Une allégresse si débordante, si pleine de verve et d’ivresse qu’elle s’apparente à une célébration, une forme d’éloge à toute la création !

L’espèce jouit d’une large plasticité écologique allant des massifs forestiers jusque aux espaces verts urbains vers lesquels elle semble faire une avancée depuis cette dernière décennie, tout en se raréfiant dans ses biotopes d’origine.

La Grive litorne : de taille du Merle, intermédiaire entre la Draine et la Musicienne, la Litorne diffère de ses consœurs par des teintes plus contrastées avec le dos brun roux et les ailes brunes, alors que tête, nuque et croupion sont gris cendré et la poitrine brun orange avec des taches de forme effilée. Et aussi par un caractère sociable bien plus affirmé qui permet aux couples de s’agréger en petite colonies. Un mode de comportement qui assure une meilleure défense contre les prédateurs, surtout que la Litorne préfère s’établir dans des endroits bien dégagés plutôt que dans les boisements compacts. Dès qu’un rapace ou même une Corneille fait mine de s’approcher, l’intrus est aussitôt pris en chasse par derrière par les membres de la colonie qui manifestent leur courroux avec force vociférations tout en accompagnant si besoin leur attaque par des jets de déjections ! De nature, les colonies de Litornes sont très bruyantes et leur jacassement de pie audibles de loin. Si bien que le chant, plutôt ingrat, aux sonorités disparates  n’a nul besoin ici d’affirmer une territorialité.

La Litorne ne manifestant pas une grande fidélité au site, l’emplacement pourtant propice d’une colonie peut fort bien être abandonné d’une année à l’autre sans véritables raisons…

La valeur bio-indicatrice de nos trois espèces de Grives indigènes se révèle déterminante pour la qualité de nos espaces de vie. Leur distribution et bonne répartition dans des milieux aussi variés que prairies, pâtures, pâturages boisés, haies arborées, bosquets de hauts arbres, lisières, clairières et boisements mixtes est une garantie à la fois de bonne vitalité et de bonne gestion de ces milieux sur le long terme.

Les manifestations vocales des Grives s’étendant sur toute la durée du printemps, cela permet de déceler rapidement si un milieu donné ou une région entière est en perte de biodiversité.

Ce sont donc à ce titre de véritables marqueurs de la dégradation de notre environnement.

Diminution des habitats naturels, perte de la mosaïque et isolement des milieux, disparition des haies et lisières (ou méthodes d’entretien inadéquates par épareuse), régression du bocage, usage de produits phytosanitaires… tous ces facteurs contribuent à la diminution de leurs ressources alimentaires et des abris favorables.

Et, en plus de cinquante ans d’observations, notre constat est sans appel : les symphonies printanières de nos forêts et de nos campagnes perdent chaque année en intensité musicale témoignant assurément d’une diminution constante des effectifs nicheurs de notre avifaune.

« Nos propos sont purs, décisifs, impliquant la palette nuancée des Sentiments... Il n'y a rien à changer, juste rester dans la proposition de ce qui nous est attribué, dans la parfaite concordance des Révélations.

Les ténèbres, qui bien avant l’aube inspirent nos chants sont l'expression de la sympathie cosmique, porteuses de la chaleur, de l'amour, de cette force de conjugaison à tout ce qui lui viendra depuis le grand monde extérieur.

Nous voilà offerts à la Vie, dans toute sa délicatesse, à son impulsion formatrice, encourageant l'être à se créer, à se reconnaître dans la gratitude, à partir de sa propre initiative, là où s'équilibre le Destin du Monde !

Nous avons l'impression comme d'une gigantesque balance, dont les plateaux seraient en constante mouvance, à la recherche du meilleur accord. Nous savons que là où l’on nous accueille ont été posées les semences du devenir, là-même où se définit l'espace de guérison de la Nature !

Vous assistez nuit et jour  à ce spectacle, mettant en scène l'Enjeu du Vivant, un thème devenu trop sérieux pour être conceptualisé par votre esprit humain.

Reprenez espoir ! Rien n’est encore perdu.  Œuvrez sur des visions larges et profondes, engagez-vous avec le long terme, réfléchissez comme ces Arbres séculaires ! Inspirez-vous ! Elevez vos pensées jusqu’à leurs couronnes qui frémissent au moindre souffle !

Laissez naître ce désir, permettez-lui de jaillir de vos fibres, de se déployer en toute liberté en s’offrant à la générosité du Vivant !

Voilà bien qui donne une nouvelle Dimension aux capacités d’expression de l’Etre, à ses facultés de réunir ce que la Vie compose en elle et autour d’elle… »

Une vie qui se décline jusqu’au bout de ce que l’on aime.

Le Merle noir  

Voilà bien le plus répandu de tous. Facile à reconnaître à son plumage noir de jais, (brun chez la femelle), son œil cerclé et son bec jaune. Tantôt tapi au plus épais des bois, tantôt sautillant dans nos jardins et pelouses de parc, quartiers résidentiels, jusque dans nos centres villes, le Merle est certainement, avec l’Etourneau et le Moineau  l’un des oiseaux qui a su le mieux tirer parti des faveurs humaines.

Parfaitement adapté aux milieux artificiels, le Merle noir était à l’origine une espèce sylvicole.  Ce que le Merle des forêts (de feuillus) a conservé d’un caractère farouche, nerveux et méfiant, le Merle ‘urbain’ l’a converti en confiance, familiarité, hardiesse voire effronterie !

Toutefois, même dépaysé, ce rapprochement de l’humain ne lui aura pas enlevé son caractère perpétuellement agité. Toujours en déplacement, avec des mouvements brusques, un vol bas, court, en ligne droite, sans flâner avec ce double coup de queue au moment de l’atterrissage. Ses cris de surprise et d’alarme sont parmi les plus stridents que l’on puisse entendre !

Il n’y a que lorsqu’il se perche sur quelque sommet, arbres, gouttière ou faîte qu’il prend la pose pour se consacrer pleinement à l’inspiration de son chant. Et même si ses strophes n’ont pas la fugue lyrique du Rossignol, leurs sonorités claires, franches, empreintes de conviction ne laissent personne insensible face à cette indéniable prophétie printanière…

Autour des villages, dans les jardins, les parcs, les haies et les bosquets, chaque territoire est âprement disputé.

Il a son métier, il va à gauche, à droite, parcourt des kilomètres, a de bonne raisons de se sentir utile. Il écoute, il fait des efforts, essaye de prendre conscience. Parfois il se révolte. Il pense que ce sont les autres qui polluent la planète, il trouve injuste que la vie s’éteigne ainsi, à petit feu, face son impuissance.

Peut-être qu’il n’est pas trop tard, peut-être qu’il reste une chance pour elle, pour lui, pour ses enfants, pour  ses rêves, ses idéaux, ses espoirs.

Mais là, dans son jardin, il comprend que le plus petit détail a reçu les mêmes égards que la grande chose importante ;  il se rassure, il reprend confiance, il respire mieux, il se sent soulagé. Il a envie de dire merci, exprimer sa gratitude, pour lui-même d’abord, puis à la Vie, à tout ce qui est resté intact en lui, à ce qui n’a pas encore été perdu.

Il aimerait retrouver le goût de la terre, apprendre les gestes, la patience des anciens, cette joie secrète de se sentir dans la complicité de l’œuvre qui se déroule sous ses yeux.

Peu lui importe que ce lieu lui appartienne ou non, et ce qu’il y a investi. Ce temps qu’il lui a accordé, qu’il n’a pas compté, qui l’a enrichi parce qu’il a pu se rapprocher de lui, se comprendre un peu mieux, ne plus être cet étranger de toute à l’heure qui se posait toutes ces questions…

Il aurait pu trouver une parole vraie, qui sonne juste, dans la pureté vibrante de l'air. Il aurait pu aussi garder le silence, cela aurait mieux valu, probablement.

Mais finalement, il a laissé planer le doute, donné l'impression qu’il maîtrisait la situation alors qu'en réalité, il venait de s’évader au-delà des frontières du réel.

Me poser à cet endroit où je pouvais dire "Merci" avec tout ce que la Vie a placé en moi, depuis le début, depuis le jour où l'on m'a dit:

« Va, suis ta route, n'attend pas qu'elle se trace toute seule, elle se fera avec toi, avec tes convictions, et par ta Foi. »

- Evocation d’un Merle à son compagnon humain qui se rêve en jardinier…

Christophe Perret-Gentil, 16 mars 2025

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